Je te vois si frêle, si
fragile. La maladie, comme un lourd manteau, a recouvert ton corps affaibli. Te
voilà près de la fin de ta vie. Je t’enlace, je caresse ton doux visage un peu
creusé, tes mains noueuses. « Nos vieux parents sont comme nos
bébés » dit la tradition africaine et c’est vrai. Je chante doucement à
ton oreille, je te berce, je te câline. Tu es si faible. Et en même temps, je
sens cette force, cette énergie en toi, cette vitalité que tu me transmets
puisqu’il me faudra bientôt continuer à vivre mais sans toi à mes côtés. Pars
en confiance, petite maman : au-delà du chagrin, ton amour continue à éclairer
mon cœur.
Merci, Maman
Guillaume Charlier, Vieille femme de Blankenberge, Musée Charlier,
Saint-Josse-ten-Noode © Musée Charlier
Guillaume Charlier (Ixelles, 1854 –
Saint-Josse-ten-Noode 1925) est un sculpteur réaliste. Issu d’un milieu
modeste, il est découvert par le mécène Henri Van Cutsem qui le prend sous son
aile et lui permet de déployer sa créativité. Assuré d’une vie bourgeoise
paisible, Charlier n’oubliera cependant jamais les pauvres, les humbles, les
travailleurs dont il se sent proche. Grand portraitiste, il les représentera
avec infiniment de douceur et d’empathie, telle cette aïeule.
Les soucis quotidiens paraissent peser sur
ses frêles épaules, tels les pans de son lourd manteau drapé. Un fichu retient
ses cheveux et fait ressortir son petit visage marqué par les années. Pourtant cette
vieille femme dégage à la fois beaucoup de sérénité et une immense
force : ce corps si fragile semble s’extirper de la matière. Le
sculpteur n’a pas hésité à lui offrir le marbre de Carrare, matériau noble
d’habitude réservé aux grands personnages. Cette pureté, cette richesse, elle
aussi y a droit.
A sa mort, Charlier lègue son hôtel de
maître sis au 16 de l’avenue des Arts et sa riche collection de peintures,
sculptures, mobilier et arts décoratifs à la commune de Saint-Josse-ten-Noode
pour que ce lieu intimiste et chaleureux devienne un musée public.
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