mardi 24 juillet 2012

L'euthanasie : définition, positions et expériences


Définition : l’acte d’euthanasie est celui de mettre intentionnellement fin à la vie d’une personne à la demande de celle-ci.


Le 20 décembre 1999, une proposition de loi relative à l’euthanasie est déposée au Sénat. Après de multiples discussions, rapports et auditions, le texte est adopté par la Chambre le 28 mai 2002. L’objectif des auteurs de la loi est de mettre fin aux pratiques semi-clandestines en assurant une sécurité juridique. Sécurité juridique d’abord pour le patient qui verra sa demande d’eu­thanasie respectée, tout en bénéficiant d’une pro­tection à l’égard des euthanasies non consenties, grâce à l’établissement de critères précis pour l’inter­vention du médecin. Sécurité juridique aussi pour le médecin qui pourra échapper à toute condamnation pénale s’il pratique l’euthanasie dans les strictes condi­tions prévues par la loi. Les auteurs estiment que cette loi garantira mieux la relation de confiance entre médecin, malade, équipe médicale et proches et qu’elle permettra une meilleure connaissance de la situa­tion réelle par une évaluation objective des pratiques.

Vous trouverez ci-dessous, sur le site officiel du gouvernement belge, le contenu de la loi du 28 mai 2002 relative à l’euthanasie : http://www.belgium.be/fr/sante/soins_de_sante/fin_de_vie/euthanasie/


Positions actuelles du Magistère catholique concernant l'euthanasie
1° "Procéder à l'euthanasie signifie toujours mettre à mort de façon consciente un être humain. C'est pourquoi l'acte en question doit être confronté à la norme séculaire 'Tu ne tueras pas'… Elle est l'expression mûrement réfléchie de la conscience humaine. L'homme n'a-t-il pas le devoir de respecter la vie de tout être humain ? L'euthanasie va à l'encontre de ce devoir. Les hommes sont appelés à vivre les uns avec les autres et à se prêter assistance mutuelle. Aussi n'est-il pas bon que soit accordé à certains d'entre eux le droit de décider de la vie et de la mort de leur prochain innocent. (…) Nous contestons donc le droit de mettre fin aux jours de malades en stade terminal" (L'accompagnement des malades à l'approche de la mort, par les évêques de Belgique [février 1994], pp. 7 & 8)
2° "Quels qu'en soient les motifs et les moyens, l'euthanasie directe consiste à mettre fin à la vie de personnes handicapées, malades ou mourantes. Elle est moralement irrecevable."
"Ainsi une action ou une omission qui, de soi ou dans l'intention, donne la mort afin de supprimer la douleur, constitue un meurtre gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur. L'erreur de jugement dans laquelle on peut être tombé de bonne foi, ne change pas la nature de cet acte meurtrier, toujours à proscrire et à exclure." (Catéchisme de l'Église catholique, 1998²,  n° 2777).

Deux témoignages

           "En tout cas moi, à la place de Nicole, je demanderais l'euthanasie!" Que veut me dire Monique par ces quelques mots prononcés sur un ton résolu?  Veut-elle me tester pour savoir mon opinion sur ce qu'autorise désormais la loi belge: obtenir une piqûre qui provoque rapidement le décès ? Ou est-ce un appel pour qu'on lui évite des souffrances qu'elle imagine intolérables ? Serait-ce une critique voilée des options défendues par l'Église officielle ? Sans doute Monique les connaît-elle aussi bien que moi. Et elle n'attend sûrement pas que je les lui rappelle, au risque de la crisper plus encore contre cette institution à laquelle nous prétendons appartenir l'un et l'autre. Plutôt que de discuter sous le coup de l'émotion, je décide me taire…au moins provisoirement. Ou, plus positivement, je l'inviterais à nous demander  comment soutenir notre amie Nicole et ses proches dans leur épreuve, soulignant son courage et le dévouement des siens. Si le climat est propice, peut-être pourrais-je expliquer  pourquoi, quant à moi, je ne voudrais pas à imposer aux soignants et à mes proches une souffrance supplémentaire: celle de me voir demander et obtenir ma "mise à mort". Mais sait-on jamais prévoir comment on réagirait dans une situation extrême ? Et j'ajouterais que je souhaiterais être accompagné et soulagé le mieux possible pour pouvoir vivre sereinement cette dernière étape de mon existence.

    Joseph, pour sa part, a demandé et obtenu d'être "euthanasié" prochainement. De son lit d'hôpital, il me le confie calmement, apparemment rassuré, et il me remercie pour ma visite. Dissimulant mon émotion, je lui demande s'il est satisfait des soins et de l'attitude de ses proches. Je lui dis percevoir l'importance et, sans doute, la difficulté de sa décision. J'ajoute que je demande à (notre ?) Dieu de le fortifier dans les prochaines heures. Si l'ambiance est favorable, je pourrais lui proposer de prier ensemble ou même d'inviter l'aumônier(e) à le bénir au seuil du grand passage. S'il souhaite prolonger le dialogue et sans insister, je l'amènerais à parler des siens et des bons souvenirs qu'il a retenus de son passé et de notre relation antérieure. Mieux vaut "faire mémoire" que se fixer sur l'événement à venir. Tout en espérant secrètement qu'il changera encore d'avis, je le remercie pour sa confiance  et je l'assure de ma persévérante amitié. J'ajoute que, s'il le souhaite, je ferai mon possible pour soutenir sa famille dans les moments difficiles qu'elle devra affronter. Je le quitte avec un sourire encourageant et après lui avoir serré cordialement la main en silence. Dans le couloir, j'ai le cœur serré… et je demande au Seigneur que, s'il y a faute à Ses yeux, Il pardonne à mon ami la décision qu'il a cru devoir prendre… en conscience.   
                                                                                                                                 Ph.W.

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