mercredi 14 octobre 2015

Des rites funéraires en mutation : au sujet du crématorium


Nous vivons dans une culture de l’éphémère. Tout change et évolue. Mais une chose demeure : la fin de vie et le décès que l’on ne peut éviter. Les funérailles, quelle qu’en soit le forme, sont aussi une occasion de manifester et célébrer la solidarité de la famille, des amis du défunt, des membres de l’Eglise. L’Eglise n’a plus le monopole de ces célébrations. Il ne s’agit donc pas de maintenir coûte que coûte les coutumes d’hier mais d’initier un renouveau, un approfondissement pour d’une part appréhender les valeurs promues par les funérailles d’aujourd’hui et d’autre part pour mieux comprendre, selon notre foi, cette entrée du défunt dans le monde de la Résurrection. Ce numéro de La Maison Dieu est une porte ouverte dans ce sens.

Voici une recension du Père Gilles Mathorel sur un article paru dans 'La Maison Dieu'. Le numéro de mars vient de paraître, avec quelques mois de retard....Mais l'article évoqué et commenté par le Père est fort intéressant. Bonne lecture!

"Des Rites Funéraires en Mutation"
"La Pâque du Chrétien – La Crémation au risque du corps"
La Maison Dieun° 281 - Mars 2015

Ce numéro de la Maison Dieu est le bienvenu alors que nous approchons du 2 novembre. Le premier article (p.17 à 33) de Guillaume Cuchet est très académique. Il donne un point de vue historique et anthropologique. Il en est de même avec l’article de Monique Brulin (p. 35 à 61) qui essaye de comprendre la crémation dans les différentes religions.
Sur le plan de la pastorale, les trois articles suivants sont, à mon point de vue, bien plus interpellant. Ils nous invitent d’abord  à constater et accepter que nous n’avons plus l’exclusivité des funérailles. Il y a maintenant d’autres lieux et d’autres professionnels pour ces célébrations, disons laïques des funérailles. Tout au début de l’Eglise, les funérailles, comme les mariages, étaient entre les mains des laïcs ; puis, il y eut une cléricalisation des funérailles (p.77). De nos jours, la place du ministre ordonné devrait toujours être privilégiée si l’on considère que toutes célébrations de funérailles sont une « expression de la solidarité du Corps du Christ pour l’un de ses membres ». (p.81-83)
Beaucoup de nos auteurs soulignent ensuite les ambiguïtés de la crémation. D’abord, on nous invite à distinguer « la crémation en soi de l’intention qui préside à ce choix » (p.115) Ensuite ses caractéristiques sont énoncées d’une manière parfois imagée : « c’est un non-rite, une culture du provisoire, de la fluidité, de l’éphémère et de l’absence de mémoire (p.69) » - « C’est une violence, une rupture brutale (p.99). – Et selon Sylvie Robert, c’est un geste « technicisé et professionnalisé qui aboutit à une laïcisation de la mort – un acte qui tend à minimiser l’appréhension du mystère de la mort. Comment cela pourrait-il dire autre chose qu’un ‘tout est fini’ (p.123-124) »
Néanmoins, la crémation est là et nous interpelle. Et comme le souligne Bernard Maitte : « Lorsqu’une question est posée, la conversion première est la nôtre. » (p.107) Il faut donc retrouver le message que l’on peut transmettre, sous forme symbolique, à l’occasion des funérailles comme des crémations. Si l’un propose d’essayer une symbolique à partir des cendres, d’autres soulignent que ce travail de symbolisation reste très difficile avec la crémation et ainsi ne facilite pas l’accès à la richesse de la foi chrétienne concernant l’au-delà (p.126). Il y a dans les funérailles un cheminement en cortège de la maison, à l’Eglise, au cimetière ; cheminement symbolisant aussi le passage de la croix, au tombeau, au Cénacle (p.75 et 102). Au Cénacle, les apôtres sont entrés dans une nouvelle relation avec le Christ. C’est une telle nouveauté de relations qui est à la base de la Résurrection des morts. C’est pourquoi, la Résurrection ne devrait pas être comprise comme une « revivification du corps » (p.120) mais plutôt comme l’entrée dans une nouvelle dimension relationnelle et communionnelle de la vie.
On pourrait conclure que les funérailles ne cherchent pas à faire disparaître un corps mais doivent être une annonce de la foi eschatologique, une mise en évidence du mystère de la mort, l’affirmation de la valeur unique de la personne devant Dieu, la puissance de vie de Dieu et la dimension de communion avec Dieu. (p.130)
En bref, une lecture enrichissante qui peut servir de base pour un partage entre équipes pastorales.
Le Père Gilles Mathorel

4 commentaires:

  1. Je viens de perdre mon époux bien-aimé, il a eu de belles funérailles pas trop de monde car nous n'avons plus beaucoup de famille existante, des amis étaient là .. je suis allée fleurir sa tombe aujourd'hui , je pensais justement à la Résurrection de la chair car pour ma part je forme le projet de me faire faire une crémation ! je repense à mon père qui disait si tu te fais brûler comment veux tu que Jésus te ressuscite ? j'ai 64 ans c'est idiot mais j'ai des doutes à cause de mon père ... est ce notre chair qui aura vécu sur cette terre qui va ressusciter ou est ce autre chose ? je ne comprends pas bien cette " revivication du corps " !!!!! Union de prières.

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  2. Bonjour,
    Je vous réponds peut-être un peu tard. Dans le Credo nous disons chaque dimanche que nous croyons en la résurrection de la chair. Comment cela se fera, on ne sait pas. On sait seulement qu'on aura un corps transfiguré.Si Dieu est capable de créer l'homme d'un peu de terre, il peut aussi nous rendre notre corps qui est devenu poussière. La crémation est autorisée par l'Eglise, mais le corps que l'on dépose en terre en attendant la résurrection des morts est une expression de notre Foi. N'oubliez pas que nos morts ne nous ont pas quittés pour toujours, et que vous pouvez tisser un lien spirituel avec votre époux car son âme est immortelle, tout comme la vôtre et la mienne.
    Je prie pour vous et pour votre Epoux.
    S.T.

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