DEMAIN, DES L’AUBE
Demain, dès l’aube, à l’heure où
blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu
m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la
montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus
longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes
pensées,
Sans rien voir au-dehors, sans
entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les
mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme
la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui
tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers
Harfleur,
Et, quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Et, quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère
en fleur.
Victor Hugo, Les Contemplations, Livre
IV, XIV
Les Contemplations est un recueil de poèmes écrits par Victor
Hugo (1802 - 1885) en souvenir de sa fille aînée Léopoldine, morte noyée dans
la Seine avec son mari en 1843, à l’âge de 19 ans. Certains poèmes évoquent l’amour
et la nostalgie du bonheur, d’autres la mort et le chagrin, toujours dans une
langue simple, touchante, sans pathos.
Le
livre IV dont est extrait ce poème correspond au livre du deuil :
‘Le
jour sera pour moi comme la nuit’. Plus rien n’a de vie, sinon la douleur. Elle
conduit le poète, aveugle de tout ce qui l’entoure, jusqu’à la tombe de
Léopoldine. Il y dépose lui-même feuilles et fleurs. Le bouquet y prendrait-il
racine ?
En parlant de Victor Hugo et d'aurore, j'aime aussi ce passage de "A Villequier", que l'on peut aussi trouver dans les Contemplations:
RépondreSupprimerDans vos cieux, au-delà de la sphère des nues,
Au fond de cet azur immobile et dormant,
Peut-être faites-vous des choses inconnues
Où la douleur de l'homme entre comme élément.
Peut-être est-il utile à vos desseins sans nombre
Que des êtres charmants
S'en aillent, emportés par le tourbillon sombre
Des noirs événements.
Nos destins ténébreux vont sous des lois immenses
Que rien ne déconcerte et que rien n'attendrit.
Vous ne pouvez avoir de subites clémences
Qui dérangent le monde, ô Dieu, tranquille esprit !
Je vous supplie, ô Dieu ! de regarder mon âme,
Et de considérer
Qu'humble comme un enfant et doux comme une femme,
Je viens vous adorer !
Considérez encor que j'avais, dès l'aurore,
Travaillé, combattu, pensé, marché, lutté,
Expliquant la nature à l'homme qui l'ignore,
Eclairant toute chose avec votre clarté ;
Bonjour Greg,
Supprimeret merci beaucoup pour ce texte.
Bonne journée à vous :)