mardi 11 décembre 2012

Les morts nous parlent


Les morts nous parlent, du Père François Brune. Un ouvrage édité en 1988 et réédité par cinq maisons d’éditions, la dernière datant de 2009. 
Traduit en plusieurs langues, cet ouvrage a de quoi déconcerter : oui, il existe une vie après la vie. Les morts y cherchent à (r)établir le contact avec nous, les vivants.
 Et en la matière, la variété, dans le livre du Père Brune, impressionne : une médium captant le talent inabouti de grands compositeurs écrit leurs œuvres posthumes, les défunts communiquent leurs volontés par l’écriture automatique, des enfants décédés parlent à leurs parents par le biais d’enregistrements audio…. L’auteur, féru de paranormal mélange les genres et les témoignages, rapprochant la mystique des NDE (Near Death Experience / les Expériences de Mort imminente) à la mystique des saints catholiques, les visions de Marthe Robin aux hallucinations causées par l’usage du LSD. 
Dans la pastorale qui nous occupe, nous avons pu rencontrer des personnes qui ont, un temps, cru que leur fils leur parlait à travers une télé en veille, ou qui ont cherché à faire bouger divers objets, pour entendre les derniers souhaits de leur conjoint disparu. Sur le plan strictement humain, les dégâts sont immenses. Si comme catholiques, nous croyons qu’une ‘après-vie’ nous est offerte, nous restons néanmoins conscients que toute mort représente une véritable rupture. Un lien doit être défait, pour que d’autres se renouent. Avec ce type d’ouvrage, le deuil n’est plus cet espace ‘blanc’ dans lequel écrire cette marge, qui laisse le temps et la distance pour honorer la mémoire et cultiver le souvenir. Il incarne au contraire une sorte de radeau, accroché à un défunt qui donne l’impression de n’être pas vraiment parti. Le deuil est reporté, nié, oublié, et devient comme une course aux preuves de la ‘vie’ du défunt. Un exercice périlleux, et qui ne permet pas au cœur de panser ses blessures ; tout au plus peut-il camoufler les plaies, au pire les entretenir.
Ce que nous cherchons à transmettre par ce blog est un appel à accepter le deuil, à accepter d’être meurtri par celui-ci, pour mieux redonner sens à la vie qui peut renaître. Pour nous, l’esprit qui anime ce livre n’est pas celui d’un Christ venu pour écouter et épauler les vivants : « Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts[i] ».


[i] Matthieu 8,22

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