mardi 30 octobre 2012

Rencontre avec Régine du Charlat (1/3)


Régine du Charlat est religieuse auxiliatrice des âmes du Purgatoire. Cette congrégation a été fondée en 1856 par une femme, Eugénie Smets, qui avait le souci de la prière pour les défunts. Mais dès le début, elle les a associés aux vivants dans la « communion des saints ».
Appuyées sur la spiritualité ignatienne, les Auxiliatrices sont, aujourd’hui comme hier, engagées dans des actions multiples, professionnelles ou pastorales.

Unis dans le regard de Dieu


Parler des ‘défunts' nous projette dans un profond paradoxe. La mort nous les a arrachés; ils ne sont plus. Pourtant, par la mémoire, ils nous restent présents. De ce qui est ressenti, l'expérience varie. Certains éprouvent la mort comme une rupture absolue, d'autres gardent le sentiment d‘une intime proximité. On peut relever cependant que toutes les cultures – au moins le plus grand nombre – et toutes les religions font place, d'une manière ou d'une autre, à la relation entre vivants et morts. D'un côté la mort comme rupture radicale, d'un autre la mémoire qui entretient la présence : comment comprendre ce paradoxe ou, plus exactement, le lire à la lumière de l'Evangile, puisque telle est ici l'intelligence à laquelle la foi nous appelle ?
«  Je vis une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, tribus, peuples et langues  » (Ap 7,9). C'est le texte que la liturgie nous livre à la Toussaint. Il ne précise pas s'il s'agit de vivants ou de morts. C'est la foule de ceux que Dieu rassemble et elle est ‘immense', sans mesure, sans frontière, sans date. Nous voici sur la voie: il y a une vision de foi qui unit dans le même regard vivants et morts, d'hier, d'aujourd'hui, de demain : ce que la tradition nomme ‘la communion des saints'. Dans cette vision, oui les défunts nous sont poches. Que nous le ressentions ou non importe peu. La foi nous ouvre au regard de Dieu lui-même sur l'humanité tout entière.

La mort prise au sérieux


Mais la mort ? Serait-elle une illusion qui nous fait croire à la rupture alors que nous sommes dans la présence ? Nous voici de nouveau en plein paradoxe. Il ne serait pas honnête de le balayer d'un revers de la main. Ce serait surtout inhumain. Que serait la vie humaine si elle occultait la mort ? Une façon de l'occulter – il y en a bien d'autres! – serait d'exalter la relation aux défunts en réduisant la mort à une simple mutation du vivant. Non la mort est bien la fin du vivant, sa totale disparition. C'est pourquoi elle est douleur, parfois insurmontable pour les vivants, souvent révolte et scandale. Certes elle peut être consentie comme un accomplissement humain. Il n'est peut-être pas si rare d'avoir le bonheur d'en être témoin, et d'y éprouver la douceur d'une espérance. Il reste qu'il ne serait ni juste ni seulement possible de nier la mort, de quelque façon que ce soit. 


Retrouvez la seconde partie de cette rencontre ici.

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